Hermes Volker s’est fait connaître pendant la pandémie avec des créations qui pourtant n’y faisait pas référence. La clé de son succès : ajouter des masques aux portraits de personnages historiques.
Né en 1972, Hermes Volker est un artiste allemand diplômé de l’Academie des arts de Düsseldorf. Il travaille depuis plus de dix ans sur une série de portraits masqués, nommée Hidden Portraits, qui a connu un certain succès sur Instagram pendant la pandémie.
The “Hidden Portraits”
Te Hidden Portraits, les “portraits cachés” en français, est une série de photo-collages élaborés via un processus photoshop. Hermes Volker base son travail sur des portraits de personnages historique, réalisé par les plus grands peintres de l’époque, et sur lesquels il ajoute des masques.
Dans “Hidden Portraits”, Volker Hermes utilise le collage pour dissimuler le protagoniste derrière un masque, qui par ailleurs est parfaitement accordé à l’œuvre originale puisqu’il en est issu. Parfois recouverts d’une perruque de cérémonie, d’un tissu, ou encore de fleurs, ces personnages historiques ne sont pas n’importe lesquels. Leur portrait a été réalisé par les plus grands peintres de leur époque comme Élisabeth Vigée Le Brun, Rembrandt, ou encore William Larkin.
« Rien n’est ajouté aux tableaux. »
Ces collages photographiques sont réalisés uniquement grâce à des photos de l’œuvre initiale, soit à chaque fois un portrait historique. Cette série de collage évoque notamment la relation entre l’image et la reproduction. Hermes Volker explique sur son site internet : « Rien n’est ajouté aux tableaux. Tous les changements viennent de l’intérieur, de l’original lui-même. »
Le portrait : un luxe limité à une élite privilégiée
En décembre 2020, Hermes Volker expliquait dans une interview à Vogue comment l’idée lui était venue. « Quand nous allons dans les musées et que nous voyons tous ces beaux portraits d'”Old Masters” [vieux maître], nous ne prêtons pas vraiment attention à leurs vêtements élaborés. Plein de détails incroyablement révélateurs de la société dans laquelle ils vivaient ; nous ne faisons que regarder leurs visages. Alors j’ai pensé : si je couvre le visage, je bloque en quelque sorte le focus sur les émotions exprimées. » L’artiste s’est alors servi de cette observation pour détourner l’attention du spectateur vers un autre aspect.
À travers cette série, l’artiste allemand interroge la relation entre l’art et la représentation historique. Sur son site internet Hermes Volker rappel : « Les portraits sont les seuls témoignages picturaux de personnes jusqu’à l’invention de la photographie. Ils définissent notre idée visuelle d’une société historique. » Passionné d’histoire de l’art, l’artiste tient à souligner le fait que ces portraits étaient un luxe et que ce luxe se limitait exclusivement à une élite privilégiée. Pour mettre cet élément en évidence, il va alors choisir d’accentuer et de multiplier ces marqueurs sociaux et de les intégrer dans les masques qu’il crée.
Hermes Volker met l’accent sur la mode
Bien que certains éléments de richesse se situent dans les décors de ces tableaux, la majorité des marqueurs sociaux se trouve dans le détail des tenues, « ce qu’ils tiennent dans leurs mains par exemple, ou certains détails exquis que vous n’enregistrez pas vraiment comme significatif. Ce sont souvent ces éléments qu’Hermes Volker choisi de mettre en évidence dans ces masques.
L’artiste fait aussi quelques parallèles avec la mode actuelle, car c’est bien de ses créateurs contemporain qu’Hermes Volker s’inspire. Par exemple, dans le photocollage ci-dessous (issu du travail de Drouais), les bordures une fois rapportées sur le visage du personnage, lui rappelaient les bijoux extravagants qu’imagine Daniel Roseberry pour Schiparelli depuis quelques saisons déjà. Parmi ces influences, Hermes Volker cite aussi Viktor & Rolf, Alexander McQueen, Jean Paul Gaultier et Helmut Lang. « Je trouve des échos de la mode contemporaine dans ces portraits d'”Old Masters” » expliquait-il dans son interview à Vogue.
Glorifier le travail des “Old masters”
Dans ces travaux, Hermes Volker ne cherche pas à magnifier ou a honoré les personnages historiques représentés sur ces portraits mais plutôt à magnifier l’art en lui-même, en atteste la description de ses œuvres sur son site internet qui ne font référence qu’aux peintres et pas aux personnages représentés. Ces œuvres parfois très réalistes portent d’ailleurs à confusion : « J’aimerais qu’ils ressemblent à un original. C’est ma façon d’exprimer mon respect pour cet art merveilleux. »
Un rapport avec la pandémie de Covid-19 ?
Si ces masques semblent tout droit inspirés de la pandémie de Covid-19, ce n’est en vérité pas le cas, puisque l’artiste explique avoir commencé ce projet il a plus d’une dizaine d’années.
Pourtant la pandémie va donner un réel coup de projecteur à son travail, notamment via les réseaux sociaux. « Instagram a été essentiel pour diffuser mon message de voir une situation difficile dans une perspective plus légère. Un visage masqué peut être beau et vous faire sourire » confiait Hermes Volker à Vogue, ne cachant son enthousiasme à l’idée que son travail puisse motiver des gens à porter leur masque. « L’art peut jouer un rôle si important en temps de crise, à de nombreux niveaux. Si mon art peut aider les gens à être conscients de l’importance de porter un masque, je suis heureux. »
Retrouvez le travail d’Hermes Volker sur son site internet ou découvrez les “avant/après” de ses créations sur sa page Insagram.
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