« Je m’intéresse à la transformation, alors que je réfléchis aux souvenirs éphémères de l’enfance et à l’immigration de ma famille au Canada comme point de départ autobiographique… Les expériences comme histoire, fragmentées dans la mémoire et redites pour devenir un mythe personnel sont négociées par l’acte de dessiner, qui opère dans le récit et dans la fiction. C’est le domaine du jeu où je situe mon travail. » C’est par ces mots que Marigold Santos explique ce qui la pousse à peindre. Ces œuvres examinent la fragmentation. Le clivage qui divise notre esprit, notre identité personnelle, qui puise dans l’expérience vécue ainsi que des paysages imaginaire dont nous rêvons tous.
À travers son art, la canadienne enquête sur le « soi ». Voyage dans sa temporalité qui n’en ai finalement pas une. « Les notions d’attachement / de séparation, étant ancrées ou déracinées, se rapportent finalement à des enquêtes sur le «soi» et le «chez-soi» et sont explorées à travers une temporalité inventée (où je regarde en avant, de côté, à l’envers, tout en regardant en arrière dans une histoire jamais physiquement vécu) se manifestant par des hybrides conceptuels et une distribution multiple de soi. »
Une imagerie venue d’ailleurs
Dans ses œuvres plus récentes, l’artiste laisse une grande part à ce qu’elle appelle l’autre monde. Celui-ci représente une échappatoire. Les figures, qui le peuplent, embrassent l’environnement et inspirent un inconfort constant. Ils incarnent la projection de l’émotivité et de l’imperfection dans un récit décousu. Il en dégage aussi une certaine ambiguïté. Comme partagé entre un paysage émotionnel et des figures maladroites, les œuvres invitent tant à la contemplation qu’à la réflexion. « C’est devenu un langage dans ma propre histoire qui continue de changer et d’évoluer, un langage qui est constamment défini par la relation d’une image à l’autre. »
Marigold Santos reflète, ainsi, la précarité dans laquelle elle vit. Pas à cause d’un manque de moyens mais psychologiquement parlant. Son travail incite à la méditation, voire même l’introspection. Ses œuvres dégagent un calme macabre qui nous hypnotise. Alors que le temps passe, les figures, presque mystiques, qui peuplent cet imaginaire enregistrent des souvenirs, des songes qui, rassemblés, permettent l’apparition de nouveaux récits. Amour perdu, solitude, remise en question, dépression et, enfin, mélancolie. Elle invite le spectateur à la suivre dans le cheminement de la vulnérabilité humaine, la précarité de l’esprit.
Retrouvez le travail de Marigold Santos sur son site et n’hésitez pas à découvrir les œuvres de Daiva Kairevičiūtė qui sublime le corps féminin avec poésie.