Pour Walter Laguerre, le meilleur moyen d’apprendre c’est de pratiquer et expérimenter soi-même. Autodidacte, le jeune artiste parisien oscille entre illustration, peinture, et musique avec son groupe Un groupe français.
Suite à un emménagement à Barbès, dans un appartement aux allures de nid d’artistes, Walter se plonge encore plus dans sa pratique artistique. Ses colocataires dessinent, peignent et sculptent, assez de raisons pour organiser une exposition conjointe. Pour l’événement, il expose des années de travaux, de dessins accumulés. L’exposition est un succès, ce qui le pousse à sérieusement poursuivre cette voie.
Voyage artistique vers une nouvelle représentation du corps
Son voyage artistique commence avec un premier désir : dessiner les visages et les corps à la perfection. Le jeune artiste n’aillant pas suivit de formation “académique”, son apprentissage passe par la collection de photos et de magazines, dont il tire des personnes et scènes à reproduire. D’année en année, il forge son regard et sa main, jusqu’à parvenir à atteindre son but. Et comme atteindre un objectif appelle toujours à de plus grandes ambitions, il lâche ses crayons à papier et commence à flirter avec d’autres médiums.
Après avoir expérimenté avec de nombreuses nouvelles matières (encre de chine, pastel, aquarelle, peinture à l’huile…), Walter Laguerre découvre la peinture sur plaque de verre. Un médium moins traditionnel, idéal pour y apposer sa nouvelle vision de la représentation du corps, moins classique elle aussi.
Sa première série sur verre donne lieu à une exposition en 2011.
“des têtes dans des corps, des corps dans des seins…”
Le corps est un thème central de son travail, que l’on retrouve dès la bio de son compte instagram @walter.laguerre , “je peins et dessine des corps dans des corps, des têtes dans des corps, des corps dans des seins et des seins dans des têtes. Tout est imbrication”.
Rappelant presque la mythologie, les corps se transforment et se muent en chimères aux couleurs vives. Pareil aux “Métamorphoses” d’Ovide, les corps de Walter Laguerre se disloquent, se fragmentent, s’étendent… Des êtres humains à deux corps ou trois visages, dont les traits restent fluides et sans fioriture, bien qu’animés par la passion de l’artiste qui se ressent à son coup de crayon.
J’ai toujours été secrètement fasciné par le corps. Fasciné par ce qu’on peut montrer ou ne pas montrer d’un corps. C’est ce qu’on ne peut pas montrer qui m’intéresse le plus.
Pour l’artiste, il y a une possibilité infinie de combinaisons pour représenter un même objet. Il peut peindre la même personne cent fois, il lui offrira toujours une singularité nouvelle. En mélangeant les matières, jouant avec les profondeurs et les effets de collages, il passe d’une vision du corps plutôt “classique” à sa vision “personnelle”.
Le corps : langage familier et étranger
Le corps donne des indices sur une personne, que se soit par son sexe, sa forme, sa couleurs, son âge, ou ses cicatrices (marques de vie). Mais le corps donne aussi beaucoup d’indices sur la personnalité de son détenteur, comment il se l’approprie, le met en avant ou en retrait… Il y a le corps que l’on ressent (son propre corps), le corps que l’autre voit, et le corps que l’artiste veut représenter. Walter Laguerre propose plusieurs lectures.
En exagérant un trait, une ligne fondamentale, on peut dévoiler de nouvelles facettes, suggérer une nouvelle vision, voire montrer l’inverse de ce que le corps semble dire initialement. La façon dont l’artiste représente le corps semble également dévoiler une petite partie de lui-même, de son rapport à l’autre, de sa perception du sujet, que l’on pourrait rapprocher d’une célèbre question de Picasso : “Faut-il peindre ce qu’il y a sur un visage ? Ce qu’il y a dans un visage ? Ou ce qui se cache derrière un visage ?”
A la même époque, il se tourne également vers la musique, une autre forme d’art toujours en transformation et en mouvement perpétuel. La musique prend une place considérable dans sa vie, mais ne lui fait pas oublier sa passion pour le dessin, bien au contraire.
Improviser pour se surprendre soi-même
Le jeune artiste garde toujours une attitude très spontanée face à la création de ses œuvres. Il n’aime pas conscientiser, décider ce qu’il va dessiner à l’avance. Sa seule certitude est le thème récurrent de son travail, pour le reste il laisse le crayon courir librement sur la feuille. Sa véritable liberté c’est de ne répondre à aucune directive, c’est la liberté d’improviser, et de se surprendre soi-même.
Allier deux passions dans le futur
L’artiste prévoie prochainement une exposition/ concert/ release party. L’occasion de joindre ses deux passions le temps d’une soirée. “Inviter les gens à mon concert entouré de mes toiles, ça serait génial“.
L’artiste désire également passer du petit format au “format XXL”. Encore une nouvelle approche qui en amènera surement beaucoup d’autres.
Vous pouvez retrouver le travail de Walter Laguerre sur son instagram @walter.laguerre , et son groupe de musique Un groupe français sur Youtube.