Dans ses illustrations, l’artiste Kazuki Takamatsu crée ses propres “sirènes” : des femmes intrigantes, attirantes mais dont émane un spectre, un danger de mort.
Des poupées de porcelaine
Les femmes créées dans les illustrations de Kazuki Takamatsu sont d’une pureté difficilement descriptible. Du satin lisse de leur peau à l’harmonie fluette de leur silhouette, tout est délicat chez elles. Blanches comme neige, elles ressemblent à de fragiles poupées de porcelaine.
Souvent nues, cette nudité les rapproche davantage du pantin que de l’humain. Et lorsqu’un tissu les recouvre, il s’agit d’un voile translucide qu’on devine aisément léger comme l’air.
Un halo lumineux émane d’elles, comme si elles étaient des déesses ou autres créatures célestes. Des ailes pointent parfois dans leur dos ou au milieu de leur chevelure. Rarement mises en couleurs, les illustrations luminescentes de Kazuki Takamatsu semblent vouloir saisir une beauté absolue. Mais ces poupées-déesses à la peau cristalline ne sont pas totalement bienveillantes.
Mi-ange, mi-démon
Ces femmes inventées par Kazuki Takamatsu sont pleines de paradoxes. Devant elles, on est autant happés par leur pureté que troublés par leur aura à double tranchant. Leur blancheur se distingue dans un fond obscur, leurs ailes blanches s’accompagnent de têtes de mort ou de chaînes métalliques… Et les fleurs qui habillent leurs coiffes sont bien souvent des fleurs des enfers, très présentes aussi chez l’artiste Fuco Ueda.
Dans le travail de Kazuki Takamatsu, on trouve une sorte d’ambivalence entre paradis et enfer, ange et démon, vie et mort. L’image du shinigami (littéralement “dieu de la mort”, traduit du japonais) nous vient en tête. Dans la culture nippone, cette allégorie de la mort prend des formes diverses et variées. Les shinigami ont parfois des traits humains, parfois monstrueux, ont des ailes ou non… Alors, en regardant les femmes-poupées de Kazuki Takamatsu, on peut imaginer que l’artiste essaie de créer ses propres “anges de la mort”.
Leurs yeux vides renforcent cette idée de menace, de danger. Et même si leurs poses peuvent être lascives ou au contraire très innocentes, on ne peut s’empêcher d’éprouver de la méfiance devant leur douceur apparente.
Une collection
Nombreuses, les femmes-poupées, ou les anges de la mort, on ne sait plus comment les nommer, de Kazuki Takamatsu sont le résultat d’un travail de longue haleine. Il multiplie, retravaille et réinvente ce motif féminin à la fois captivant et inquiétant dans de très nombreuses séries.
Lorsqu’on parcourt son site internet ou son compte Instagram, c’est comme si on déambulait dans un musée fantôme dont les statues seraient ces femmes intrigantes.