Artiste canadien, né à Toronto, Doug Johnson débute dans le graphisme en travaillant dans la mode lorsqu’il s’installe à New York en 1968. Cet incroyable artiste vous est sûrement inconnu pourtant, il était l’un des plus convoités dans les années 70 et 80. Son nom s’est effacé peu à peu, pourtant lorsque l’on découvre ses images, on ne peut oublier son travail unique. Grand illustrateur de pochettes d’album, Doug Johnson laisse percevoir à travers ses œuvres une grandiose époque marquée par le Rock n’Roll.
Une peinture faite de métal
L’art à cette période s’avance dans une veine très différente de celle de Doug Johnson. Les images qui surplombent le monde médiatique sont plutôt photo-réalistes ou de style cartoon. Le graphiste canadien se différencie de cet univers pop en rivalité pour créer son propre univers. Il puise son inspiration dans le réel, le monde qui l’entoure et vient le déformer par ses coups de pinceaux pour faire vivre à son spectateur une expérience psychédélique.
Il travaille principalement avec de la peinture, il utilise la méthode de l’aérographe, la toute nouvelle innovation des années 80. Cette méthode lui permet de maîtriser un usage intensif de la peinture, les couleurs déposées sur les surfaces sont celles d’un rêve, les éclairages sont exceptionnels et scintillants. Il aime jouer avec des couleurs chaudes et des formes vives qui viennent nous titiller la rétine tant l’explosion de couleurs est intense.
Il sait réaliser des couches lumineuses saisissantes qui donnent l’impression d’un reflet sur l’image. La réflexion et le mélange des traits plus traditionnels produisent une image étrange et hybride. Ces peintures apparaissent comme des séquences de rêve hollywoodien, les éléments à l’intérieur s’agitent et se brouillent pour nous immerger dans une nouvelle dimension.
On ne peut détourner le regard des illustrations de Doug Johnson, à la fois réalistes et fantastiques, nous sommes intrigués par ces images qui ressemblent à des visions de déjà-vus. Comme l’emballage de Cosmic Candy réalisé pour la marque Space Dust qui est l’exemple parfait pour présenter Doug Johnson. Les peintures ont un caractère synthétique, l’aspect métallique donne un côté tactile, nous n’avons qu’une irrépressible envie : toucher cette matière si lisse. Les personnages, de leurs formes inhumaines, paraissent exister à travers le reflet. Ses traits sont simples, et pourtant, les détails foisonnent. Chaque élément supplémentaire apporte une note de réalité en plus. L’artiste s’introduit directement dans notre subconscient pour produire des images chimériques colorées qui nous semblent familières.
Doug Johnson l’artiste Rock n’ Roll
L’art de Doug Johnson est représentatif de l’industrie Rock des années 80. Il a le privilège de travailler avec beaucoup d’artistes pour confectionner différentes illustrations. Il a fait l’affiche promotionnelle du groupe Ike & Tina Turner, l’image s’associe avec l’ambiance scénographique de leur spectacle. On retrouve les deux musiciens surfant sur une vague d’eau et de trésors merveilleux, rien que par les détails, on ressent toute la richesse et l’élégance de la musique produite par le couple Turner. Les notes de musique sont présentes et suggérées par le mouvement infiltré dans tout le dessin.
Une autre grande œuvre visuelle est l’affiche pour l’American Tour de 1981 des Rolling Stones. L’illustration est simple et efficace, la bouche rouge, symbole du mythique groupe, suffit à les nommer ; elle convient parfaitement aux traits arrondis de Doug Johnson. Elle s’envole, en plusieurs fois et surplombe le ciel de New York reconnaissable à la statue de la liberté. L’ensemble est une explosion de couleurs pastel qui s’assemblent à d’autres plus vives pour nous faire vivre un trip à la Rolling Stones.
Ses travaux les plus impressionnants sont assurément les trois réalisations qu’il a imaginées pour le groupe de Métal Judas Priest et leurs trois albums : Screaming for the Vengeance de 1982, Defenders for the Faith de 1984 et Turbo de 1986. Les illustrations sont dans un style classique, mais représentent des sujets funestes, une qualité sinistre qu’il sait saisir pour le Heavy Metal. Les peintures de Doug Johnson semblent faites pour correspondre à cet univers. L’artiste y insère des personnages impressionnants et fantastiques qui inspirent des craintes.
Ces trois images se répondent, se suivent et se complètent pour former un triptyque sensationnel de l’évolution du style musical du groupe vers un nouveau langage plus science-fiction, fantaisiste et technologique. Chaque couverture d’album évoque une impression de mouvement qui ne cesse de s’accélérer. Une puissance s’émule de chaque image comme la musique produite par Judas Priest. On est plongé dans un univers irréaliste, illuminé de couleurs flambantes. On ne peut s’empêcher de fixer l’image et on comprend pourquoi ces pochettes sont devenues des symboles de l’art du Métal.