À travers ses emblématiques « hommes en blanc », le peintre français Jérôme Mesnager touche le cœur des spectateurs, marqués par le caractère humain de ces créatures, et touchés par les aventures que leur auteur leur permet de vivre.
Comment réussir à toucher le plus fidèlement le cœur des gens ? Jérôme Mesnager a choisi l’option de la simplicité. Son travail d’artiste se concentre sur la réalisation de bonhommes blancs, sans trop de détails superflus mais dont la portée visuelle est diablement efficace.
La création de « L’Homme en blanc »
En Janvier 1983, Jérôme Mesnager crée d’ores et déjà des illustrations depuis quelques années lorsqu’il décide d’inventer « L’Homme en blanc ». Une silhouette de bonhomme simple, à la manière de celle dessinée par les enfants, tout en blanc, sans visage et complètement désarticulée.
L’artiste, qui réside aujourd’hui à Montreuil, ne se séparera jamais de cette création, qu’il décline tout au long de sa carrière. Il fait danser ses hommes en blanc, les fait courir, sauter ou encore pleurer. Finalement, à chaque fois qu’il les peint, il les fait vivre. Ils peuvent eux aussi ressentir les émotions que nous les humains, nous expérimentons.
Derrière les personnages, un véritable message d’espoir
Ces bonshommes semblent purement innocents. Il les dessine parfois ensemble, dans un élan d’amour et d’humanisme, comme en 1995 dans une œuvre de street art peinte sur une façade à Ménilmontant. On les voit alors danser les mains imbriquées. D’ailleurs, c’est assez savoureux de remarquer que tous les bonshommes ne forment qu’une seule et unique personne alors même qu’ils sont désarticulés dans leur propre corps. Peut-être faut-il y voir un message d’espoir résidant dans l’importance de la générosité et de l’entraide.
En tout cas, lorsque Jérôme Mesnager crée cet « Homme en blanc », aussi appelé « Corps blanc », il voit lui-même ce personnage comme un « symbole de lumière, de force et de paix ». Preuve que les illustrations de Mesnager sont loin d’être dénuées de sens et de fond.
Jérôme Mesnager s’appuie sur divers supports pour loger ses personnages
S’il ne renouvelle pas de manière exceptionnelle ses modèles, Jérôme Mesnager aime surprendre en immergeant ses « corps blancs » dans des environnements divers.
Pour faire un clin d’œil à son premier domaine d’étude (l’ébénisterie), il décide de loger ses personnages sur des planches en bois ou des portes. De façon plus classique, il utilise aussi le support préféré des peintres classiques : la toile, pour dessiner ses personnages dans des situations inattendues. Par exemple, il s’amuse à faire apprendre le surf à l’un de ses cobayes, sur une vague qui semble indomptable.
De manière plus grandiloquente, il fait aussi voyager sa bande de personnages dans le monde. À quelques centaines de mètres des Pyramides de Gizeh, on peut remarquer un de ses bonshommes en train de danser. Autre merveille du monde utilisée : la Grande Muraille de Chine, sur laquelle il dessine ses personnages au début du XXIe siècle. Il peint aussi ses hommes blancs à quelques hectomètres du Piton de la Fournaise sur l’île de la Réunion.
Il a aussi l’occasion de peindre ses personnages dans les catacombes de Paris, sur les façades et les murs de la capitale, ce qui fait de lui un véritable street artist même si la majorité de son travail est réalisée dans son atelier.
Une utilisation de symboles de la culture commune
Pour continuer à captiver le public après tant d’années à dessiner ses bonshommes, Jérôme Mesnager choisit parfois de faire appel à l’imaginaire collectif et à la culture commune pour rendre ses œuvres encore plus marquantes.
Ainsi, il se sert de tableaux emblématiques comme Le Radeau de La Méduse de Géricault, qu’il adapte en apposant un fond noir et en remplaçant les modèles nus et désabusés du tableau originel par ses bonhommes blancs abstraits.
Il réalise aussi une adaptation du classique Déjeuner sur l’herbe d’Edouard Manet, en donnant les mêmes poses (la main sur le menton, le bras tendu..) à ses personnages qu’aux modèles originaux de l’œuvre.
Jérôme Mesnager réussit l’exploit de ne pas sombrer dans une redondance artistique ou esthétique après plusieurs décennies à prendre les mêmes modèles comme points centraux de ses œuvres. Cet exploit n’est pas sans raison. L’artiste français a eu l’intelligence de modifier l’environnement de ses personnages, les situations vécues et il a surtout montré la grandeur du panel d’émotions qu’ils ressentaient. Un cocktail parfaitement dosé.
Pour retrouver les œuvres de Jérôme Mesnager, rendez-vous sur son compte Instagram.