Souvenez vous, nous avions reçu Yellow, le graffiti artiste à l’accent du sud et au style tout droit venu du New York des années 80. Ce mois, notre invité officie dans un univers à des années lumières de la lettre graffiti, teinté d’animal et de végétal.
Cet artiste ayant répondu présent au projet Le Mur Saint Ouen, c’est Moyoshi. Il s’est prêté au jeu de la performance ainsi que de l’interview, de quoi le découvrir à l’œuvre et plus personnellement.
Peux tu te présenter aux lecteurs de BewareMag qui ne te connaitraient pas?
Autodidacte et originaire de Normandie, je suis un amoureux du trait et de la composition musicale. Je me définis comme un dompteur de feuilles et mets en symbiose l’animal et le végétal pour que la nature reprenne ses droits sur la « fausse suprématie » de l’espèce humaine.
Comment t’es tu construit dans le milieu graffiti?
Il y a 16 ans, l’histoire commence avec le vandalisme en volant des sprays pour carrosserie de voiture et des markers. J’ai trouvé une grande liberté dans ce milieu et de quoi occuper mes nuits blanches en dehors de la musique. A l’époque, j’ai choisi de ne faire que des persos et d’avoir plusieurs noms.
Comment t’es venu l’utilisation de la craie pour tracer tes traits de construction, idée économique ou pratique ?
Tout d’abord, je dessinais dans la rue avec des craies. Je trouvais cela amusant de dessiner des feuilles partout et d’écrire mon nom sans être réellement condamnable. Cela m’a permis de dessiner et de pouvoir effacer si je n’aimais pas. Du coup avec le graff et les traits de constructions, je me suis dit que la craie était une évidence pratique et économique.
Tu es adepte d’explorations dites « urbex », peux tu m’en parler?
C’est assez original car tu te retrouves loin de tout et dans des lieux avec une ambiance vraiment particulière. Je me suis retrouver à peindre différemment en installant des bouts de portes brulées dans la fresque, à ne pas avoir le matos nécessaire ou la place suffisante. Pour ces lieux, il faut faire beaucoup de route et accepter de rentrer chez soi sans avoir forcément peint (try again). De plus, entre le airsoft et les gardiens il faut être joueur.
Les parisiens voient fleurir de plus en plus de tes peintures dans la rue, notamment dans le 13ème, un lien avec ton pseudonyme ?
Moyoshi sonne asiat’, j’ai donc choisi de privilégier le 13ème. De plus je suis très proche de la culture asiatique. Peindre dans le 13e et semer le trouble sur mes origines asiatiques est un jeu. C’est mon fil rouge, comme pour mon choix de couleur au départ avec le rouge, noir, blanc.
La peinture dans la rue est souvent risquée, ça s’est toujours bien passé ?
La plupart du temps oui car les bonnes heures et la bonne posture. Sinon c’est passer son temps à courir, se cacher, se faire attraper et secouer par la BAC (jusqu’à être braqué au flashball). De toute façon, je n’aborde plus la rue de la même manière et avec le même âge.
J’ai cru comprendre que tu trempais aussi dans la musique, c’est toujours d’actualité ?
Oui toujours d’actu, on bosse en trio sur un set rock & electro, les intrus changent d’une compo à une autre (suspense).
Tu viens de participer au projet Le Mur Saint Ouen, comment ça s’est passé ta performance ?
La performance a été parfaite car déjà la météo était au RDV. En plus, la team est vraiment à la cool et cela m’a beaucoup plu. On a l’occasion de pas mal parlé! Donc BIG UP et longue vie. J’aime votre mur pété avec le store donc à refaire.
As-tu une actu ou des projets en cours ou futurs ?
Oui la sortie de mon carnet Moyoshi en indépendant 52 pages avec 1 fine art. La préparation d’une expo solo (secrete).
L’expo et réalisation d’un mur pour Strokar sur Bruxelles le 11 mai. Du graff au festival convergences à Bordeaux le 20/21 mai. La préparation d’un nouveau concept Hors cadre dans les tuyaux. En fait j’ai pas mal de choses mais c’est le bordel de tout balancer comme ça.
Des dédicaces à passer ?
Oui à la boutique You Can Spray pour m’avoir accueilli, Beware Mag pour l’itw, Flo d’I Said A Hip, Yol qui revient, Coco de Montpellier et mes frelons que je croise par simonie sur des terrains ou en soirée. Surtout à Kim qui est enceinte d’un futur petit Moyo.