Le Studio Bara c’est un collectif d’illustrateurs de talent qui revisitent le “bara”, ou l’art japonais du manga gay. Des hommes à la fois virils et doux qui questionnent l’idée de la masculinité.
Men’s love
Des hommes poilus, des hommes enrobés, des hommes nus ou habillés, seuls ou accompagnés, des hommes partout, sans tabou. Voici ce que l’on constate dans les créations du Studio Bara.
Directement inspiré de la culture japonaise du manga gay, aussi appelé “men’s love“, le “bara” met généralement en scène des hommes à l’allure masculine (avec des poils au visage et sur le torse, doté d’une forte corpulence, une idée bien ancrée de la virilité donc ) et les intègre dans un contexte “romantique” ou “mignon” (ou “cute” ou “kawaii”).
Co-crée en 2014 par Paul Burckel (illustrateur qui travaille seul sous le nom de Gamberoussette), Estocafich et Antoine Maillard (illustrateur pour le New Yorker), le Studio Bara, réunit les participations d’Anne-Charlotte Gauthier, Le Peixe, Yann Bastard, Timothé Le Boucher, Puchou Cocoboules et Lucie Larousse. Du beau monde pour un projet éditorial qui fait du bien.
Exit les préjugés et les normes, ce laboratoire d’images regorge de talents prêts à déconstruire, ou reconstruire, une image de la masculinité subversive, affectueuse.
Poser un regard nouveau sur la vision de la masculinité sans émotion, de l’homme fort physiquement qui doit donc l’être émotionnellement, voilà l’idée. Ici les garçons aux torses bombés et aux fesses rebondies se lavent, jouent ensemble, se dénudent, s’adonnent au plaisir solitaire… Rien de vulgaire dans tout cela, au contraire, voici une représentation touchante de l’homme dans son état naturel. A la fois érotiques, sensibles et touchants, ces personnages gardent une expression pleine d’humilité, presque gênée, comme s’ils étaient pris sur le vif d’un comportement qui serait inadéquat avec les standards que la société accorde aux hommes forts.
Une vision moderne, en phase avec la société, qui dénonce souvent les représentations du corps féminin mais qui tend parfois à mettre de côtés ces mâles en mal d’amour, envers eux-mêmes et les autres. Au poil.