À travers ses peintures abstraites, ou à base de textes, Daisy Parris (1993, Kent, UK) peint un espace psychologique intime et lumineux, d’une grande force émotionnelle. L’artiste anglais.e, vivant et travaillant à Londres, a étudié les beaux-arts à la Goldsmith University.
Peindre l’espace psychologique
D’un geste rapide, des tâches et des traits comme jetés sur la toile, Parris construit des autoportraits à la fois mesurés et sauvages. Iel peint des batailles internes, des triomphes personnels, des assauts menés contre la vie.
Le travail de Parris s’est développé à travers son expérience de la vie et des relations humaines. Il est empreint d’une grande sensibilité, et nous ouvre la porte du monde intérieur de ceux qui ressentent tout “plus fort”. Il nous entraine à travers des récits personnels, et des réflexions sur la violence et la tendresse.
Faire parler les couleurs et les textures
Bien qu’axé sur le psychologique, le travail de Daisy Parris est également très physique. Iel travaille sur des grands formats avec un pinceau de petite taille où iel frotte de nombreuses couches de peinture, joue des superpositions, et donne une voix à la couleur et à la texture qui deviennent des médiums de compréhension de son paysage intérieur.
Par son utilisation de teintes vives -du rouge, du rose, ou encore du turquoise-, l’artiste évoque des moments de désir et d’affection, mais aussi de violence et de mort. “La couleur n’est pas tout à fait ce qu’elle parait. Le jaune n’est pas nécessairement heureux ou le rouge en colère. Au fil des années les couleurs ont représenté différentes choses. Par exemple, le vert menthe m’évoque la mort”. Iel vient compléter sa palette par des couleurs plus sombres, comme le vert sapin ou le bordeaux, faisant monter en nous un sentiment de nostalgie, qui est un des thèmes majeurs de son œuvre.
Il y a également un contraste entre son utilisation du papier, plus lisse, qui permet des coulées de peinture plus vivantes ; ou de la toile, plus dure et sèche, qui demande un effort supplémentaire dans l’aplat de la matière.
Ses œuvres ont également un aspect presque “éclaté”, “débordant”, qui semble appartenir au langage non plus de l’esprit, mais du corporel et du viscéral. Cela renforce cette limite floue entre le monde de l’esprit et du corps, l’implication psychologique et physique derrière chaque coup de pinceau.
Conversations avec le spectateur
Certaines œuvres incluent des éléments textuels ou plus figuratifs, comme un échange plus direct et un jeu avec le spectateur. En écrivant sur ses toiles des accumulations de phrases courtes, comme “My mind hurts” (“Mon esprit me fait mal”) ou “I feel everything” (“Je ressens tout”), iel s’adresse à notre empathie, notre capacité à comprendre ou essayer de comprendre un état d’esprit tourmenté, peut-être même à s’y identifier.
Avec sa série de toiles “Does everyone ache”, l’artiste-peintre nous invite à nous poser la question “est-ce que tout le monde souffre ?”, et plus personnellement “est-ce que vous souffrez, vous aussi ?”. Iel nous laisse ensuite face à nos réponses (Non sans rappeler les mannequins-lampes de Christian Boltanski lors de l’exposition “Faire son temps” au Centre Pompidou, qui s’animaient au passage des spectateurs, leur posant les questions suivantes : “As tu souffert ?”, “As tu eu peur ?”…).
Se perdre dans la couleur
Avec ses toiles imposantes et très colorées, Daisy Parris nous invite à nous laisser défaire et aspirer par la couleur, tout comme iel s’est perdu.e et retrouvé.e en peignant. Après des expositions à Londres, à New York, ou encore à Paris, iel continue sur sa lancée, et nous promet des toiles encore plus grandes et tourbillonnantes dans un futur proche.
Retrouvez le travail de Daisy Parris sur son site, et sur sa page Instagram.
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