Si la poésie sait s’emparer de l’écriture, l’illustratrice britanno-germanique Käthe Butcher dévoile des œuvres qui se passent de mot, mais pas d’émotions.
A fleur de peau
Dans un monde qui émerge doucement, les contacts humains deviennent aujourd’hui observés, réglementés, voire dangereux dans le regard de certains. Se faire la bise, s’effleurer, s’embrasser, ces douces attentions physiques apparaissent maintenant comme de réelles prises de risques et nous laissent parfois un sentiment étrange de solitude partagée.
C’est ainsi le sentiment de l’illustratrice Käthe Butcher. Originaire d’Allemagne de l’Est, la trentenaire amoureuse des lignes fines depuis sa rencontre avec l’univers des mangas à l’adolescence, a su apprivoiser sa timidité et laisser parler sa palette d’émotions au fil de ses dessins. Ce n’est qu’à partir de 2013 que Käthe Butcher se met à illustrer ces femmes aux émotions vivantes et variées, à la suite d’une romance partagée avec une femme. Cette relation sera l’occasion d’une meilleure compréhension d’elle-même et de la création de son style personnel : ” des lignes de crayon graphite délicates entrelacées avec des zones noires, montrant des filles sensibles, mais fortes.”
Dorénavant forte de ses représentations régulières de duo féminins amoureux, entre érotisme, perte de contrôle de soi et amour intense, elle est une figure reconnue de la scène artistique LGBT+
Aujourd’hui c’est depuis sa résidence londonienne qu’elle tente d’exprimer par ses illustrations emplies de douceur, ces nouveaux sentiments de changement des rapports à soi et autrui : “La pandémie a affecté tout le monde de façon différente. J’ai toujours pensé que je n’étais pas le genre de personne à être effrayée / paranoïaque facilement, mais en Mars je l’ai été. J’ai paniquée et me suis sentie très seule, c’est pourquoi j’ai quitté Londres à la fin du mois de Mars pour retourner auprès de ma famille. C’était définitivement une bonne décision.” *
Un retour vers l’essentiel, vers soi-même et les autres, ses proches. Une envie de se reconnecter qui se dévoile au fil de ses réalisations par un trait délicat représentant des fleurs, des femmes aux cheveux sauvages et à l’apparence rêveuse, que l’on oserait presque apparenter à un certain Gustav Klimt. Un reflet délicat de la douce mélancolie ambiante, parsemée de couleurs automnales, laissant l’esprit de chacun libre d’y insérer ses propres émotions. ” La féminité peut être tout et rien. Elle est individuelle. Pour moi, personnellement, c’est quelque chose d’élégant, mais aussi de fort” *.
Des silhouettes alanguies, pensives, mais jamais abattues, qui représentent l’attente d’un nouveau monde que nous ne connaissons pas encore, certes effrayant, prompt au doute, mais qui, certainement, offre de nouveaux horizons à l’inspiration. “Comme pour de nombreux artistes, cette situation a été et reste bloqueuse de créativité. […] Mais en même temps, cela semble être le début de quelque chose de nouveau, de plus grand” *.
De quoi nous garantir de nouvelles palettes d’émotions pour cette artiste à suivre.
Son compte Instagram :